Communiqué des soignant·es du service de réanimation néonatale de l’hôpital Delafontaine
Depuis plusieurs mois maintenant, le personnel soignant du service de réanimation néonatale alerte sa hiérarchie sur la dégradation notoire des conditions de travail. Cette détérioration entache directement la qualité de prise en soin des enfants et de leurs parents, cela étant principalement dû à une pénurie du personnels soignants. En effet, nous sommes actuellement 36 infirmières pour un service devant à l’origine en comporter 59. Il nous arrive régulièrement d’être entre 4 à 6 soignants par jour au lieu de 8 à 9 soignants, nombre minimum requis pour couvrir le nombre de lits du service.
Malgré la réduction du nombre d’infirmières en néonatalogie et des ressources matérielles insuffisantes (10 lits en réanimation et 3 lits en soins intensifs par exemple), le nombre d’enfants sous notre responsabilité reste souvent inchangé en raison des transferts de patients provenant de l’extérieur, et ce sans compter les urgences venant de la salle de naissance. En effet, le nombre d’entrants ne désemplit pas au risque de mettre en danger la santé des enfants ainsi que celle des soignants.
« Lundi, mardi, vendredi, samedi et dimanche tu travailles. La semaine d’après mardi mercredi et, tiens, jeudi tu travailles et, allez, il manque quelqu’un sur le week-end viens travailler mais ne t’inquiète pas ces heures sont majorées ! ». Comment voulez-vous que l’on puisse continuer à fournir des soins de qualité si vos soignants exercent leur métier dans des conditions aussi difficiles ? La charge de travail est doublée et cette intensification détériore davantage notre environnement professionnel déjà pathogène (travail intensif, horaires décalés, travail de nuit, travail physiquement exigeant auprès de patients particulièrement à risque). La situation est problématique.
En termes de risques psychosociaux, l’intensité excessive du travail engendre une réelle souffrance au sein de notre équipe. A cela s’ajoute une souffrance éthique car nos conditions ne nous permettent pas d’être en conformité avec nos valeurs professionnelles, sociales ou encore personnelles d’infirmières. La situation critique de notre service entraine aussi les auxiliaires de puériculture à la prise en soin d’enfant relevant de compétences infirmières.
Nous ressentons un profond mal-être.
Nous sommes constamment sous pression et nous ne sommes pas entendus par l’équipe médicale ni par la direction. On nous dit souvent « c’est partout pareil » ou encore « dans les autres services, c’est pire ! ». Or, nous estimons faire preuve d’une implication et d’un dévouement sans faille pour sauver ce service que nous avons délibérément choisi. Ce dévouement nous pousse à venir travailler sur nos jours de repos car la culpabilité de laisser nos collègues affronter cette surcharge de travail nous envahis.Malheureusement, malgré notre abnégation au travail, nous constatons que très peu de mesures ont été adoptées pour pallier à notre situation. Dès lors, afin d’assurer la pérennité de notre service, nous décidons de nous mettre en grève à compter du jeudi 18 novembre 2021. Nous prévoyons de reconduire cette grève jusqu’à ce que les mesures suivantes soient mises en place :
- Le recrutement de personnel soignant sur tous les secteurs de néonatologie ;
- La mise en stage à l’embauche afin de permettre l’octroi de la prime d’installation ou, selon le souhait des agents recruté-e-s d’être contractuel-le-s, embauche contractuelle à l’échelon 2 directement (une nouvelle infirmière attend au minimum 3 ans avant d’être titularisée) ;
- L’octroi de la prime d’intéressement collectif à l’ensemble des agents (IDE, AS-AP, ASH…) exerçant dans le service au vu du maintien du service de réanimation néonatale et d’une maternité de niveau ;
- L’évaluation du capacitaire annoncée à l’ARS avec les équipes paramédicales ainsi que le respect du ratio infirmier / capacitaire ;
- L’évaluation et la définition des codifications « réanimation », « soins intensifs », « néonatalogie » avec les équipes paramédicales ;
- La prévision des roulements sur 3 mois et la nécessité de respecter le repos des agents ;Le respect de la vie privée du personnel soignant ;
- La mise en place d’une certaine transparence sur le « cumul d’heures » ainsi que sur les congés annuels ;
- Le recrutement d’un cadre de proximité habilité au service de réanimation néonatale (absence de cadre depuis avril 2021) ;
- La révision des organisations de soins et de travail lors de réunions de service régulières (définir une fréquence) avec les équipes encadrantes, médicales et paramédicales ;
- La fourniture du linge et des tenues professionnelles en quantité suffisante afin de respecter les soins d’hygiène.