Interview des salarié-es, confiné-es ou non #6

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Aujourd’hui, mercredi 8 avril, 23ème jour de confinement, une étudiante en GRETA répond à nos questions sur l’impact du confinement sur sa formation, et sur la « continuité pédagogique ».

Tu es étudiante en GRETA (formation professionnelle pour adulte), vos locaux sont dans un lycée professionnel, peux-tu nous dire comment s’est fait la mise en place du confinement ? A-t-elle commencé en même temps que l’éducation nationale ?

Alors oui, mais c’était pas gagné. En effet, la semaine qui a précédé le confinement général, nous étions en stage. Le vendredi où Jean Michel Blanquer a annoncé la fermeture des écoles, etc., on a posé la question aux enseignant-e-s et on nous a dit que la formation continuerait, qu’elle n’était pas soumise au même régime que les formations des lycéen-nes. Personnellement j’étais complètement interloquée, j’ai demandé que la formation soit arrêtée en présentiel. J’ai vraiment eu l’impression que je passais pour la dingue de service. Mais finalement, la formation présentielle a été officiellement ajoutée à la liste de ce qui devait s’arrêter. C’était le samedi juste avant les municipales, et il a fallu attendre le dimanche soir pour que ça devienne officiel avec un message de la proviseure. Notre « prof principal » est auto-entrepreneur du coup il a poussé jusqu’au bout pour que la formation soit maintenue, expliquant que lui perdrait tout si elle s’arrêtait.

Du coup, que s’est-il passé ?

La grosse blague ! Rien n’était préparé. La première semaine, on a eu des cours théoriques ultra lourds demandant un travail de dingue mais sous le même emploi du temps. Les enseignant-e-s se sont mis à communiquer avec nous selon des moyens différents en fonction de ce qu’ils maitrisent le mieux : skype, whatsapp mais aussi coups de fil individuels. Depuis, ça s’est allégé, parce que les enseignant-e-s ont vu que ça n’avait pas de sens et par ailleurs, tout ça n’est pas très fonctionnel. C’est une vaste mascarade. D’ailleurs, on nous a dit, que ces cours c’était pour nous occuper. Sérieusement, on est des adultes en reprise d’étude, on n’a pas besoin d’être occupé-e-s !

Ces cours sont-ils utiles tout de même ?

Je dirais : « pas vraiment ». Même moi, qui ne suis pas la meilleure du groupe – on est 12 – j’ai tendance à ne pas en voir l’utilité. Déjà les enseignant-e-s n’ont plus les moyens de faire un suivi personnalisé. Ils nous donnent des exercices en précisant, chacun fait ce qu’il peut et on reçoit des corrigés généraux et aucun commentaire sur nos devoirs. C’est difficile de progresser dans ces conditions. On sent que les enseignantes qui dépendent de l’éducation nationale subissent une pression pour faire ça et qu’elles-mêmes n’en voient pas l’utilité. Elles sont incapables de répondre à nos demandes. Quant à notre enseignant auto-entrepreneur, il commence à dire que ça n’a pas de sens et qu’il faudrait rallonger la formation au lieu de maintenir ces cours inutiles.

Comment fonctionne la formation et y a-t-il des adaptations quant aux dispositifs ?

Les étudiant-e-s, on est là par deux financements : pôle emploi et une allocation spécifique pour ceux-celles qui n’ont droit à rien. Sur des prolongements possibles ou des adaptations plus pertinentes, on a eu aucune information. C’est en discutant avec vous que je me rends compte qu’il faudrait que je vérifie ça avec Pôle Emploi. Normalement on part en stage le 20 avril et on arrête fin-mai. On avait déjà une rallonge de 15 jours suite aux grèves contre la réforme des retraites. Mais le stage n’aura pas lieu et fin-mai, on ne sait même pas si on aura repris les cours, que va-t-il se passer ? On ne sait rien, on a aucune information à ce niveau-là.

Qu’est-ce que vous revendiqueriez ?

Le mieux serait quand même que la formation puisse être prolongée, mais pour ça, il faut des mesures particulières. Par exemple, certains étudiant-e-s viennent des Antilles, il faudrait qu’ils soient aidés à rester. Il faut qu’on soit certain que tout le monde a un prolongement de ces droits aussi… En tout cas, il faut arrêter avec les faux cours, parce que c’est plus ridicule qu’autre chose.


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