Lourdes réquisitions contre le Studio théâtre de Stains

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Le vendredi 2 juin, s’est tenu le procès au pénal de Jamila A. contre le directeur administratif et la directrice artistique du Studio théâtre de Stains. Ce procès intervenait après le procès prud’hommes, remporté en départage par Jamila A., et donc une première reconnaissance de la discrimination pour grossesse et le harcèlement moral. Il est le résultat du saisissement et de l’enquête faite par l’inspection du travail. Sud Culture- Solidaires et Jamila A. étions parties civiles.

Au bout de 6 heures d’audience, les réquisitions sont lourdes pour les deux prévenus. Le procureur a requis :

  • Une peine d’un an d’emprisonnement avec sursis pour le directeur administratif du théâtre Kamel Ouarti  Il finit par demander
  • Une peine 6 mois avec sursis pour Marjorie Nakache, la directrice artistique du théâtre.
  • L’affichage de la condamnation durant deux mois dans les locaux du théâtre et l’interdiction, pour les prévenus, de travailler dans la gestion de ressources humaines durant deux ans.

Il s’agit là d’une lourde réquisition, assez rare, qui mérite donc d’être soulignée, indépendamment de ce que décidera la cour.

Le procès a lui, une nouvelle fois, laisser voir une conception pathogène des relations de travail au sein du théâtre. Ainsi l’un des témoins, ex-conjoint de la prévenue, a expliqué sans sourciller, qu’il était normal de se parler avec violence dans les coulisses d’un théâtre et que la loyauté devait être la norme, appuyant le fait que tomber enceinte était donc déloyal. Celui-ci venait ainsi appuyer les dires de la directrice artistique, qui s’est dit vexée, de ne pas avoir été prévenue de la grossesse de Jamila. Plus largement, l’idée de comédien-ne-s comme les pantins des metteurs en scène était au centre des descriptions faites par la défense. Après deux ans de procédure, la direction du théâtre ne semble avoir retenu aucune leçon et elle persiste dans l’idée d’une trahison de celle qui était « leur » comédienne. Ils ont d’ailleurs persisté à dénigrer les enregistrements, essayant ainsi d’inverser le culpabilité, comme si le problème était les enregistrements faits par Jamila et d’autres, et non la violence des propos et les menaces qu’on y entend.

Ce procès montre le chemin qu’il reste à parcourir dans les milieux du spectacle vivant pour protéger les femmes contre les violences et les discriminations. L’impunité qui perdure dans ce milieu est plus qu’inquiétante ! Il est l’heure de faire évoluer les pratiques.

A ce titre, la condamnation de la direction du théâtre constituerait un appui pour toutes les travailleur-ses du secteur pour reconnaître les liens de subordination au sein du spectacle vivant et la nécessité d’y faire respecter le droit du travail comme ailleurs !


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