Article paru dans le bulletin Solidaires et égales n°38 paru en janvier 2025
En Seine-Saint-Denis, des luttes surgissent sur la question du périscolaire et de la cantine. En lutte depuis avril, les parents d’Aubervilliers viennent d’être rejoints par ceux de Saint-Denis en novembre. Ces luttes ont pour point de départ des questions d’accès au périscolaire et à la cantine mais aussi de qualités des services rendus. Mais c’est bien un fond féministe qui sous-tend les revendications des parents – surtout des mères. Les Unions
locales Solidaires, Sud CT et Sud éducation ont décidé de porter ces luttes en les plaçant sous l’angle féministe avec des revendications autour de la défense d’un service public de l’enfance et l’amélioration des conditions de travail pour les agents.
Non à la réservation des activités périscolaires
À Aubervilliers, les parents s’opposent à une réforme de l’accès aux services : on leur demande désormais de réserver et d’annuler 7 jours avant là où auparavant les inscriptions se faisaient le jour même. En cas de non-respect du règlement, les parents sont pénalisés financièrement. Les mères dénoncent un système qui impactent les femmes car en perdant en souplesse d’accès, ce sont elles qui se retrouvent à devoir gérer les imprévus. La mobilisation a libéré une parole autour de la pression engendrée par les systèmes de garde sur les parents. Beaucoup de mères excédées dénoncent l’impact sur leur rapport au travail mais aussi tout simplement dans leur emploi du temps quotidien. Des femmes victimes de violence expliquent comment elles doivent composer avec l’ex-conjoint violent pour s’adapter au système… La notion de charge mentale s’est rapidement immiscée au cœur de la lutte. Il y a la charge de l’organisation mais aussi la charge de la « bonne éducation »
des enfants. Quand l’ancien système laissait la possibilité aux parents de s’adapter au rythme de l’enfant, aujourd’hui l’absence de souplesse fait culpabiliser les parents. Tout doit être pensé en avance indépendamment de l’état de fatigue des enfants, de leur envie ou non de rester avec leurs copains, etc.
Revaloriser les métiers d’animation
Depuis novembre, ce sont aussi les agents et les parents de Saint-Denis qui se mobilisent en dénonçant la dégradation des conditions de travail des agents et donc des conditions d’accueil des enfants. Ces revendications recoupent des observations faites à Aubervilliers, où la mairie justifie la réforme par le manque de « vocations » d’animateurs. En réalité, les métiers du périscolaire sont des métiers sous-payés et le plus souvent contraints par des horaires élargis avec des trous dans la journée. La faible considération des animateurs n’aide pas à donner envie d’entrer dans ces métiers.
Voir aussi : Saint-Denis : retour sur la grève de 18 jours des agent⋅es des écoles et centres de loisirs
Pour une inconditionnalité d’accès au périscolaire
Ces réformes du périscolaire s’inscrivent dans une logique qui vise à replier l’éducation sur la famille. Elles alignent ces villes de tradition communiste sur les politiques de villes où ces services étaient déjà limités. Pour Solidaires 93, les temps périscolaires doivent être défendus comme des temps non scolaires de socialisation des jeunes enfants où le jeu, la création et l’apprentissage collectif sont placés au centre. Ce sont des temps importants pour que les enfants puissent s’émanciper en collectivité et un jour peut-être, à leur tour, défendre une société fondée sur l’égalité et les solidarités. C’est pourquoi nous défendons une inconditionnalité – avec gratuité – de l’accès à ces services et un lissage national des politiques du périscolaire.